"Le Cirque des Bois Sombres"

Vous avez sans doute entendu cette petite comptine par hasard dans la rue. Intrigué(e) vous vous êtes approchés et avez découvert un groupe de personne habillée de façon sombre, mais pourtant comme des acteurs de cirque. Ces personnes étaient sur une petite estrade en bois et derrière elles ainsi qu'a leur côtés, vous pouviez observer des affiches à propos d'un cirque peu connu.

En détaillant chacun des comédiens, vous remarquez que certaines formes chez eux sont étranges... Des bras longs, une taille énorme... Une diva avec un masque mais qui n'a pas l'air d'en être accommodée. Un corps avec deux têtes, une de fille et une de garçon. Vous vous demandez bien sûr par quel tour de magie ceci est possible et le Cirque vous emplie de curiosité.

La chanson continue et c'est au tour de la Diva de chanter. Sa douce voix mélodieuse vous charme malgré les paroles étranges. En écoutant attentivement vous percevez un "Je veux juste mourir simplement mourir..."

Mais vous ne vous en préoccupez pas et continuez à suivre la petite troupe. Le mini-spectacle est fini et les comédiens rangent le matériel. Pendant ce temps vous cherchez des infos sur ce cirque. Une personne vous en empêche et vous indique "Surtout ne va pas voir ce cirque..." tel un avertissement.

Cette déclaration vous surprend aussi vous réfléchirez. Pendant votre réflexion vous entendrez une petite voix :
"Ils retournent et tordent leur corps déformés. Mais ils ne peuvent toujours pas sortir dans les rues comme tout le monde le fait. Chacun connaît le sentiment de marcher dans une ville illuminée par des lanternes mourantes. Les enfants doivent le découvrir seul. Les ténèbres les entoureront toujours j'imagine. Ils essaierons de posséder un peu de votre normalité. Mais peu importe ! C'était ta première visite. Viens ! Viens seul !
Suis nous et viens voir le spectacle ce soir !
Passe au Cirque des Bois Sombres !"


A vous de décider vos actes maintenant... Sachez seulement que nous serons toujours ravis de vous accueillir ! Alors venez ! Venez voir notre spectacle ! Venez au Cirque des Bois Sombres ![/i]

Une nouvelle ville... Un nouveau spectacle. Je regardais vaguement devant moi et ne voyais que les barreaux de ma cage ainsi que le couloir sombre. Un bandeau repose à mes côtés. J'essuie la poussière sur ma robe rose et enfile mon gant. Aujourd'hui encore nous allons devoir essayer de ramener du monde...
Je tourne la tête vers la droite et observe rapidement la forme endormie à mes côtés. Je soupire à la vue de son corps déformé avant de regarder le plafond et d'empoigner mon bandeau. Une larme... salée sûrement... ne peux s’empêcher de couler le long de ma joue. Je ne me retiens pas... Elle est l'une des représentantes de mon espoir perdu.
Quelques brins de pailles sont s'accroche à mon gant... Je les retires en secouant vaguement le bras. Ma tête replonge entre mes genoux. Pas le temps de me morfondre j'entend un claquement contre les barreaux. C'est l'heure.
Péniblement je tente de me relever. C'est un exercice ardu quand on est faible comme je le suis à l'instant. Et mes jambes de cheval ne m'aident en rien...

Aujourd'hui, nous sortons avec Maman et Papa. C'est rare que nous sortions tous les trois. C'est rare que je sorte. Maman a dit que ça me ferait du bien de prendre l'air. Un air autre que celui de notre jardin. Et de m'habituer aux gens. Je n'ai pas de problèmes avec les gens. Maman m'a laissé choisir ce que j'allais mettre. J'ai mis ma robe noire, et mes chaussures noires. Maman trouvait ça triste, Papa aussi. Alors elle m'a mit un serre-tête rouge dans les cheveux. Mais je l'ai enlevé en chemin parce que la barre me faisait mal derrière les oreilles. Maman disait que je m'y habituerais, mais je n'aimais pas ça de toute manière. Alors elle l'a prit et l'a mit dans son sac. Moi ça me plaît le noir. Mamie s'habillait toujours en noir. Elle était belle en noir. Et j'ai les cheveux noirs aussi. Maman a dit qu'il faudra couper un peu ma frange parce qu'elle devient trop longue.
En ville, j'avais l'impression que tout le monde me regardait. J'essayais de sourire, mais je me suis rendue compte que j'étais trop timide.
On est passés devant un magasin. Il y avait beaucoup de poupées en vitrine. Elles avaient la peau aussi blanche que la mienne, alors j'ai demandé à Maman si j'étais une poupée. Papa a rit et m'a prit sur ses épaules, en disant que j'étais sa poupée à lui. J'ai ris aussi, mais sans trop comprendre ce qu'il y avait de drôle. Un peu plus loin, et vu que j'étais très grande maintenant, j'ai vu des gens sur une scène, et d'autres gens autour. Papa aussi l'a vu et a insisté pour qu'on aille voir. Maman a dit que Papa aimait beaucoup les cirques. Ça avait l'air d'en être un. Je ne savais pas que les Parents aimaient les cirques. Je pensais que c'était pour les enfants. Maman est resté un peu, mais ça mettait du temps à commencer, alors elle a dit qu'elle allait voir le magasin de vaisselle à côté. Je lui ai fais au revoir de la main et je me suis retournée vers la scène.

J'enfilais mon bandeau, juste devant mes yeux. Il ne bloquait pas ma visibilité mais empêchait les gens de croiser mon regard. Je m'avançais vers la porte de ma cage m'assurant que ma robe cachait bien mes pattes. Dehors Lilian attendait ma sortie. Il m'offrit son bras en support comme il en a toujours eu l'habitude. C'était difficile d'avancer avec mes sabots. C'était bien le seul à l'avoir compris dans le personnel. C'était d'ailleurs le seul qui restait humain avec nous... Leurs "choses".
Je le remerciais et il m'aida à m'extirper de la caravane. Une fois dehors il me demande si j'arriverais à rejoindre les "coulisses" qui n'était que l'arrière caché de notre scène improvisée. Je lui répondis d'un simple hochement de tête et il partit se préparer pour son rôle. C'était lui qui était chargé de présenter les acteurs... De nous présenter.

J'avançais péniblement jusqu’à nos coulisses et observais la foule. Il y avait beaucoup de monde. Je tournais la tête en soupirant. Encore une fois ce soir je serais utilisée pour ce que l'on m'a implanté. C'est encore le "Monstre de Cirque" que je serais... et que je serais dans ma pauvre vie complémentent fichue. Un des acteurs me salua... C'était l'un des préférés des gens qui viennent nous voir. Il avait deux têtes.

Je n'avais pas pu essayer d'imaginer ce qu'il doit ressentir. J'aurais voulu essayer maintenant mais je fus interrompu par la voix grave de Lilian :
"Bonsoir à vous Mesdames et Messieurs ! Et vous les enfants ! Merci d’êtres venu assister à notre démonstration aussi nombreux ! J'espère de tout coeur que nous réussirons à vous convaincre de venir voir notre grand spectacle !
Mais quel impoli je fais j'ai oublié de me présenter : Je suis votre hôte pour ce soir ! Je me nomme Lilian ! Enchanté !
Et maintenant cher public j'aimerais que vous leviez les bras et que vous tapiez en rythme comme moi ! Nous allons appeler notre choeur ainsi que notre belle chanteuse ! Voilà c’est ça comme cela !"

Je soupirais une fois de plus... Le spectacle commençait et je pouvais une fois de plus pas m'esquiver... Le choeur, constitué d'autres personnes ayant subis des "modifications", était prêt... Moi j'étais triste.

Lilian annonça : "Et voici notre choeur ! J'ai nommé Wooden ! Et ils ne sont pas seul ! Mesdames et Messieurs voici note maginifique Diva : Lila Belucci ! Ensemble ils vont nous interpréter la comptine de notre cirque ! Je suis sûr que vous la connaissez ou que vous l'ayez déjà entendu ! N'hésite surtout pas à chanter avec eux !"

Un homme est venu et nous a parlé. Sa voix ressemblait un peu à celle de Papa, mais ils ne se ressemblaient pas. J'écoutais très attentivement ce qu'il disait, mais j'avais des fois du mal à entendre. Les gens à côté faisait beaucoup de bruit. Papa a dit que c'était pas le vrai spectacle, là. Que c'en était juste un petit bout. Je lui ai demandé si on allait aller voir le vrai. Il m'a dit que oui. J'étais contente. Puis le monsieur de la scène a dit de lever les bras, et je l'ai fais. J'applaudissais avec tout le monde. C'était la première fois que je faisais quelque chose avec autant de monde. Je ne vais pas à l'école. Alors je fais tout avec Maman et Papa à la maison, ou toute seule. Mais c'est beaucoup plus amusant avec d'autres gens. Je m'amusais déjà et j'avais hâte de venir pour le vrai spectacle.

Le choeur monta sur scène en premier en saluant la foule. Quelques membres descendirent dans le public et s'amusèrent à taper dans les mains des gens. Ils savaient mettre l'ambiance c'était une certitude. Le bandeau toujours sur les yeux (il tenait vraiment bien malgré mes tremblements causés par mes pattes) je montais sur scène.
Mon désespoir avait changé la fille joyeuse que j'étais avant. Avant j'aurais volontiers sauté dans le public... J'aurais surement crier quelques mots de joies ! Mais depuis mes modifications je n'ai plus le coeur à cela.
Je me suis juste contentée de faire une révérence pour saluer le public avant de prendre le micro que me tendait Lilian. J'observais la foule compacte. Tellement de gens qui ne se doutent pas de ce que nous sommes. Mes pattes de cheval furent dévoilée lorsque les premières notes de la chanson commencèrent. Un membre du choeur commença :

"Han tu est là tu est là !
Ce soir nous mettrons en scène la triste destiné que porte certaines personnes dans ce monde.
Des enfants qui parfois crient accidentellement et dont même les mots sont distordus.
Alors que les nuages sombres de la misère environnent leur esprit ils sourient.
Oh, la difformité..
Difformité,
Suis-nous et viens voir le spectacle ce soir."

Je ne sais pas pourquoi les gens apprécient cette chanson. Il est vrai que cette comptine se moque de notre différence et peux faire penser à une blague. Les mimiques du choeur aidant. Cependant, je la trouve sombre moi. Et pourtant terriblement vraie. Surtout pour la "triste destiné".

La comptine continua, se sera bientôt à mon tour.

Je regardais tout, émerveillée, même s'il ne se passait pas grand chose encore. C'est la première fois que je voyais un Cirque pour de vrai. Je n'en avais vu qu'à la télévision, avant. Je ne comprenais pas tout ce que disais le monsieur sur scène, et Papa était trop concentrée pour m'expliquer. La chanson me plaisait. La musique était jolie. Je crois que Papa m'avait un peu oublié. J'essayais de chanter, aussi, mais je ne connaissais pas les paroles. Alors je ne faisais que chantonner l'air, et je crois que Papa faisait la même chose.

J'inspirais profondément. Le choeur poursuivais la comptine. Le public avait l'air d'apprécier. Comme d'habitude... Le vent commença à se lever. C'était à mon tour de chanter. Lilian me regarda un instant sachant très bien ce qui suivra.
J'ouvris la bouche : "Quelqu'un souhaite t-il que je reste vivante mon corps n'est il qu'un simple objet d'épouvante ? Pourquoi donc me regardez vous comme ça cette souffrance vous ne la comprenez pas. C'est si douloureux et cela n'aura jamais de fin m'a t-elle dit ce matin. Mais nous continuons dans ce cirque qui nous est dédié souffrant pour l'éternité."

Comme d'habitude ma voix modifié par... le "personnel" avait du charmer plus d'une personne. Comme toujours.

Maman disait souvent que j'étais une grande fille, maintenant. J'avais dix ans, après tout. Mais moi, je ne me sentais pas grande. Je ne savais pas beaucoup de choses. J'entendais souvent Papa dire que Maman me tenait comme au "couvent". Je ne connais pas ce mot mais j'ai deviné que c'était comme chambre, ou maison. J'apprend beaucoup de choses dehors, beaucoup plus qu'à la maison. Mais il y en a que je ne comprend pas. Comme la chanson que la fille sur scène chantait. Mais c'était tellement joli et Papa semblait si absorbé aussi, que je ne lui demandais pas le sens des paroles. J'écoutais juste, fermant à demi les yeux, comme si c'était une berceuse.

La chanson avait fini par se clore. Mon tour pour l'instant était terminé. Je saluais une dernière fois la foule avant de redescendre en coulisse. Ce calvaire était fini. Mais je savais que tôt ou tard je devrais remonter pour chanter, encore une fois, pour chanter mon malheur.

Lilian me tapota gentiment sur l'épaule pour me montrer sa compréhension et retourna sur scène.

"Et bien et bien on peux les applaudir bien fort ! Lila accompagnée des Woodens ! Et maintenant la suite ! Vous savez quand on parle de cirque les gens pense, et surtout les enfants, aux clowns. Ici au Cirque des Bois sombre on s'est dit lors de la création du spectacle : il nous faut des clowns ! Mais nous n'avions pas les moyens pour embaucher deux personnes. C'est pour cela que nous avons engager le Twiny Once ! Notre clown à deux têtes ! Applaudissez le !"

Je me demande comment les gens réagirons une fois encore. Certes Twiny Once est très amusant et arrive même parfois ,malgré ma dépression, à me faire sourire. Cependant ce que disais Lilian était vrai. Il avait deux têtes pour un seul corps.

Tout le monde applaudit et j'ouvris les yeux, applaudissant aussi, mais triste que ça soit déjà finit.
J'entendis les gens s'exclamer, et faire du bruit, et Papa dire "je ne sais pas comment ils font tout ça, mais c'est extrêmement bien fait !". Moi il m'a fait un peu peur au début, et je me suis un peu cachée derrière Papa, mais c'était difficile, sur ses épaules. Après, j'ai applaudis avec tout le monde, et il ne me faisait plus aussi peur.

Twiny Once finit par monter sur scène sous les acclamations je suppose. Moi pendant ce temps j'étais retourner près de la caravane. Je m'assis contre son flanc, enfouis ma tête dans mes genoux et commença à pleurer doucement, songeant une fois de plus à ma vie de misère. Seule et traitée comme un monstre, une vague distraction. Utilisée pour ce que je ne suis pas.

Des bruits de pas se firent entendre, je relevais la tête et vît Lilian approcher. Il s'assis à côté de moi et me dit "Arrête de pleurer, ça ternis ton beau visage."
Il me prît le menton et essuya les quelques larmes sur mes joues. Il voulu retirer mon bandeau mais je le stoppais net "Laisse... Il ne me gène pas."
"Il à été conçu pour..." Il souris.
Au entendait des éclats de rire au loin. Twiny Once réussissait son show une fois de plus.
Lilian regarda un instant vers l'arrière de la scène. La seule partie que l'on pouvait voir des caravanes.
Son regard se reposa sur moi "Viens on retourne aux coulisses. C'est plus sympa d'être avec tous le monde !"
"Non... Je préfère rester seule."
"Il ne te sers à rien de rester dans ton coin à te morfondre pour ça. Rappel toi je t'ai fais une promesse et je la tiendrais... C'est pour ça... Même si c'est dur essaie de retrouver le sourire avec les autres. Ça te servira pour après."

J'hochais la tête et me releva avant de le suivre. Lilian savait très bien me convaincre.

Twiny Once, c'était le nom du monsieur sur scène, ou des monsieurs, je ne sais pas vraiment. Ils étaient très drôle, et je m'amusais ; Papa aussi riait en me tenant par les jambes pour ne pas que je tombe. Maman disait que j'étais petite, pour mon âge. En taille. Comme une petite poupée. Moi ça me plaisait. Les monsieurs sur scène faisaient pleins de choses, ça me plaisait. Mais je commençais à fatiguer. Je n'avais pas l'habitude de tout ça. Mais je ne dis rien à Papa ; Maman, elle, n'était toujours pas revenue.

Nous étions arrivés aux coulisses.... Encore une fois. Twiny continuait d'amuser la galerie. Lilian regarda un peu le spectacle et rit doucement. Lui aussi trouvait le show de Twiny très amusant. Il faut dire que c'était un avis unanime dans la "troupe".

Une troisième actrice arriva. Je la saluais. C'était la suivante, la dompteuse. Elle on lui avait greffé des oreilles de lapin et une queue de tigre... Mais ce n'était pas le pire. Ce qu'elle domptait n'était autre qu'une être humain, à qui la conscience à été retiré par je ne sais quel moyen, qui est devenu une bête folle et tous le temps affamée. Sans la présence de la dompteuse (dont j'avais encore oublier le nom), le personnel était obligé de l'enfermer à triple tour et de lui passer une camisole.