« L'Auberge du Dragon de Glace et du Corbeau Malheureux. » [PV Faery & Pepper.]

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Rappel des derniers messages :

Faery : « - Et encore, ce n'est qu'un début, renchérit Kikos. Julien sait aussi faire surgir de l'eau en plein désert, éteindre un feu de forêt, provoquer un léger tremblement de terre, dévier le trajet d'une tornade...

- Certes, mais cela m'épuise à la tache, répliqua le jeune homme. Mais je sais aussi ressouder des os, guérir des maladies, soigner des blessures internes...

- Tu oublies le jour ou tu as transformé du plomb en or !

- C'était un accident !

Il rougit de nouveau, baissa la tête et se fourra la main dans les cheveux. Kikos, lui, riait au souvenir de cet acte. Puis, Julien redevint sérieux, ou du moins, il essaya d'en prendre l'air.

- Je serai ravi de vous aider. Pour cela, il faudrait attacher cet individu, si jamais il se débat, il ne pourra blesser personne.

Le labrador, lui, avait cessé de rire et chercha du regard un endroit où attacher l'homme qui était sur l'épaule du Lancier. Il retourna à lui et s'écria :

- Regardez, il rapetisse !

En effet, l'homme avait perdu de la taille, il flottait maintenant dans sa robe trop grande. De plus, ses cheveux s'étaient encore raccourcis et viraient au gris foncé, presque au noir. Avant, il était assommé, maintenant, il semblait dormir. »

Pepper : « Au début, Gehraz les écoutait attentivement, toujours aussi interessé, mais quand il entendit Julien prononcer "guérir des maladies", une joie, sans doute naïve et exagerée, prit sur lui. Le reste, il l'entendit un peu comme de loin. Il ne montra pourtant rien de ses espoirs -sans doute parce qu'il n'y croyait pas lui-même. Etait-ce vraiment une maladie qu'elle avait ? Pour lui, sans aucun doute, oui. Mais peut-être faudrait-il voir la vérité en face, et entièrement. Par la suite, nageant presque dans son étrange bonheur, et sa fatigue, il allait s'exécuter, quand il sentit que l'homme, toujours sur son épaule, pesait moins..

"Qu'est-ce que.. ?" Lâcha-t-il dans un murmure en le posant au sol, sous un arbre, où la neige n'avait pas entièrement recouverte l'herbe et la terre. Il revint petit à petit à la réalité, et remit tout ceci sur le compte d'un trop grand épuisement. Comme les hallucinations, ou un étrange rêve éveillé. »

Faery : « Kikos se précipita vers l'homme afin de le renifler. Il s'y prit à deux fois, sans doute à cause du froid, mais son examen était clair.

- Ce n'est pas une illusion, il a bien rapetissé. Et son odeur a changé, elle est moins maléfique, mais elle reste un peu... comment dire...

Julien tenta de l'éclairer avec quelque mots, mais la réponse demeura sur le bout de la langue du labrador. Pendant ce temps, l'inconnu avait fini sa décroissance, et ses cheveux étaient maintenant noirs comme les ailes d'un corbeau. Il dormait paisiblement, il avait même mit son pouce droit entre ses lèvres, comme un enfant.

- Eh bien, si j'en crois mon flair, il ne nous causera plus de soucis avant un moment, affirma Kikos. Je crois qu'il était sous l'emprise d'un vilain Démon ou une autre créature immonde dans ce genre-la. Quoi qu'il en soit, nous irons interroger Finna sur cet étrange événement. En attendant, il faudrait mieux garder cet homme au chaud, dans une chambre sécurisée. Qu'en dis-tu Julien ? Euh... Julien ?

Depuis la fin de l'examen de son ami, le jeune Magicien n'avait ni bougé ni pronnoncé le moindre mot. Il fixait le jeune homme dormant avec de grands yeux et la bouche légèrement ouverte. Puis il seccoua la tête de haut en bas, signe qu'il était d'accord avec le labrador. »

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« Mais.. Mais oui. Pour la deuxième fois, les mots semblèrent empêchés de sortir de sa bouche comme par une force invisible. A ce moment-là, lui et le jeune Julien avaient à ça près la même expression. Euh.. Excusez-moi, je n'ai pas entendu la fin de votre phrase.. Dit-il, ne se rendant toujours pas très bien de la chose qui vient de se passer devant ses yeux. Il aperçut en coin Julien, et finit par se tourner vers lui. On aurait dit.. qu'il le connaissait. Il regarda ensuite le labrador, comme si ce dernier pouvait lui apporter sur un petit plateau toutes les réponses aux questions qu'il se posait, sans même qu'il eut besoin de les formuler, et haussa les épaules, ne sachant vraiment comment réagir, ou que faire. Il sembla à Gheraz qu'un silence s'installa. Il arqua les sourcils, pinça légèrement les lèvres, et se tourna de nouveau vers Julien. Il posa doucement sa main sur son épaule, et penchant un peu la tête pour mieux voir son visage demanda : Ca va mon garçon ? », pas sûr du ton qu'il devait employer.

Julien restait les yeux fixés sur le dormant. Non, c'était impossible, il devait y avoir une erreur... Et pourtant, pas de doute. Ce nez fin, ces cheveux noirs, la forme des mains, la taille... Le Magicien n'entendit pas les paroles de Gehraz et sentit à peine la main sur son épaule. Il s'avança. Kikos lui conseilla de rester prudent, mais Julien ne l'entendait pas. Comme dans un rêve, il s'assit lentement dans la neige, près de celui qui avait failli tuer le Lancier et Finna quelque minutes plutôt. Seulement ? Une éternité semblait s'être passée...
Julien observa le visage de plus près. Il était doux, rosé, comme un bébé. Le pouce qu'il tenait entre ses lèvres n'avait pas bougé. Julien en eut les larmes aux yeux. Il avança lentement sa main, cette main qui avait assommé cet homme quand celui-ci était plus grand, et toucha une mèche de cheveux qui barrait ce visage paisible comme une cicatrice. Toujours avec lenteur et une précaution infinie, Julien replaça cette mèche dans la chevelure noire, à sa place, parmi les autres. Il déglutit, un sanglot étouffé lui échappa. Le doute n'était plus permis, la ressemblance était trop frappante pour être ignorée.

- C'est Gabriel, articula-t-il finalement dans un souffle. Mon frère jumeau...

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Gheraz l'observa faire. Si lui ne comptait pas être prudent, Gheraz le sera à sa place. Même si aucun danger ne se faisait sentir, il était là, prêt à bondir. De temps en temps, il regardait le labrador, mais il ne faisait rien, alors il reportait son attention sur Julien et le garçon à terre. Et même s'il s'attendait à n'importe quel geste qui pouvait survenir de n'importe quel côté, la phrase que Julien prononça, à peine audiblement, à elle, il ne s'y attendait pas.

« Quoi ? » Dit-il, même s'il avait très bien entendu. Ce "quoi" sortit tout seul, il le regretta bien vite et le trouva quelque peu inapproprié. Ne sachant alors que faire, il se recula un peu, d'un pas presque solennel, laissant la place à ces retrouvailles sans doute inattendues.

Kikos eut une réaction presque similaire à celle de Gehraz. Il avait agrandi ses yeux et redressé la queue.

- Attends, tu parles de ton frère jumeau, celui qui a quitté ta maison il y a quelques années sans donner la moindre nouvelle ? voulut-il savoir.

Julien se retourna. Deux larmes coulaient le long de ses joues et brillaient comme des diamants dans la lumière de l'aurore. Impossible de savoir si elles étaient dues à la tristesse, au soulagement, à la fatigue, ou des trois à la fois.

- Oui, c'est bien lui... gémit-il. Mais pourquoi vous a-t-il attaqué ? Gabriel déteste laa violence ! Je me souviens, à Dantis, il jouait dans les rues, aidait les vieillards... Et lorsque Dantis a été détruit, il était là pour s'occuper des survivants... Et...

Il ne put en dire plus, ses larmes coulèrent comme un fleure en crue. Kikos posa son museau contre la joue de son maître, mais rien ne pourra jamais guérir une telle blessure, pas même le plus puissant des Magiciens.

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Gehraz se sentit alors de trop. Et il y avait de quoi. Mais ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il connaissait ça. De se sentir en trop, ou de sentir les autres en trop. Mais lui, il trouvait ce genre de situations plus instructives que gênantes. Il se mit juste encore un peu plus loin, et sourit doucement, sans trop savoir pourquoi. Le jour se levait déjà et lui était étrangement en pleine forme. Mais il savait que ça ne durerait pas. Il regarda une dernière fois le labrador, Julien, et son frère, Gabriel, s'il a bien entendu. Et puis, lentement, il s'éclipsa, en direction de l'Auberge. C'est aussi quand on se sent de trop quelque part qu'on se rend compte qu'ailleurs, on manque.

Kikos caressa son maître du bout du museau, lui lécha la joue, mais Julien continuait de pleurer. Finalement, le labrador décida de le secouer un peu.

- Tu poseras toutes les questions à ton frère quand il se réveillera. En attendant, il faudrait mieux le ramener à l'Auberge...

Julien hocha la tête. Puisque Gehraz s'était éclipsé, le jeune Magicien souleva son frère dans les airs, avec presque autant de facilité que la boule de neige quelque minutes plus tôt. Puis le cortège marcha vers l'Auberge.

Pendant ce temps, Finna avait soigné sa blessure grâce à un sort de soin. Elle en avait également profité pour méditer afin de refaire ses forces. Après cela, elle avait sortit tout un assortiment de fruits et de pain de la veille pour le petit déjeuner. Voyant que Gehraz rentrait, elle se précipita vers lui, la fierté de faire son travail brillait dans ses yeux.

- Gehraz, tu as faim ? Il y a du pain, des fruits, mais je peux aussi faire cuire de la viande. Il y a aussi du beurre et de la confiture de cerises. Que prendras-tu comme boissons, du thé ? Du café ? Un jus de fruit ? Une bière ?

Finna avait toujours prononcé ces mots avec entrain, à chaque fois qu'elle faisait le service du matin. Mais ce jour-là, une légère envie de croire que tout ce qui s'était passé n'était qu'un mauvais rêve perçait dans sa voix. Faire son travail lui permettait d'y voir un peu de normalité.

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En rentrant, la première chose qu'il vit dans l'Auberge vide, fût Finna qui courrait vers lui. Elle était si adorable, chaleureuse. Et infatigable on dirait ! Mais Gehraz comprit bien que c'était son truc à elle pour tenir le coup. Il lui sourit gentiment, et la prenant par les épaules, l'attira contre lui, et la garda un moment comme ça. C'était étonnant de voir comme des éléments aussi négatifs que la tristesse, le malheur, la peur, rapprochaient les gens. En une seule dure nuit, il s'était déjà bien attaché à elle. Il allait lui répondre mais ne put réprimer un long bâillement avant.

« Je pense que pour le moment, on devrait tous aller se coucher, tu crois pas ? Il y a aussi le petit dehors qui vient de.. Mais il ne savait pas comment dire ça. Alors il sourit de nouveau, un peu plus faiblement, et haussa les épaules. Allons dormir. » Et tenant toujours Finna, il l'entraîna à l'étage.

Surprise par cette étreinte soudaine, elle avait cligné des yeux à deux reprises. Puis se rendit compte que, malgré sa méditation, elle était toujours fatiguée, elle se laissa conduire à l'étage. Monter jusque dans la sienne, au septième, lui semblait aussi difficile que de gravir une montagne. Son patron lui en voudrait-il si elle dormait dans une autre chambre ? Peut-être. Mais après tout ce qu'elle avait vécu, cela lui semblait être la moindre des choses que de dormir dans un vrai lit, et non sur de la paille comme un animal. Elle suivait Gehraz, la promesse du repos lui fit du bien.

- Oui, allons dormir...

Comme une petite fille, elle posa son pouce droit entre ses lèvres roses. Geste puéril qu'elle tentait de combattre en public, mais pas maintenant. Dormir... ce mot sonnait doucement à ses oreilles.. Dormir... Sans s'en rendre compte, elle ferma les yeux et posa sa tête contre le torse de Gehraz. Et elle s'endormit.

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Amenant alors Finna dans une vraie chambre, il la regarda se coucher, et sans même s'en rendre compte, se coucha à côté d'elle, sur le dos. Ses yeux se fermèrent alors que sa tête touchait à peine l'oreiller. Un soupir de bien-être s'échappa d'entre ses lèvres, et il s'endormit aussitôt. Il ne sentit pas non plus la tête de Finna se poser doucement sur lui. Il avait un bras au-dessus d'elle, l'autre pendant dans le vide, effleurant un peu le sol. Il rêva que Nephtys était venu. Qu'elle s'était penché, que quelque chose de mouillé lui était tombé sur la joue, et qu'elle les avait tous deux couverte, lui et Finna. Ce furent ses seuls souvenirs de sa nuit. Pour le reste, il se souvient juste qu'il a merveilleusement bien dormis, comme jamais. Sans doute à cause de tous les efforts et les événements de la veille. Il lui semblait que ce sommeil le purifiait en même temps qu'il le reposait. Il ne sentait plus le poids du sang qu'il avait fait couler la veille sur ses mains. Ni celui de la douleur de Nephtys, ni rien du tout. Il était vidé. Mais emplit d'un vide agréable. Et la couverture était toujours tirée sur eux.

Tandis que Finna et Gehraz dormaient, Julien avait transporté Gabriel dans une autre chambre, et l'avait couvert. Il ne comprenait toujours pas comment son frère si joyeux avait pu devenir une créature terrifiante et inquiétante. Mais plus il cherchait des réponses, moins il trouvait des réponses. Julien s'assit sur une chaise, prêt à veiller sur son frère. Kikos s'allongea près de ses jambes et s'endormit lui aussi. Après quelques heures de veille, Julien s'endormit aussi, sans s'en rendre compte. Et il rêva de sa famille, recomposée et unie. Son père Humain, sa mère Magicienne, sa grande sœur et son frère. Sa tête penchée en arrière, la bouche entrouverte, il semblait en paix. La paix que seul le repos peut apporter.

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Nephtys quant à elle était enfin sortie de cet état inqualifiable dans lequel elle était tombée. Des vagues souvenirs de la guerre, de la veille, avec cette serveuse et Gehraz, mais surtout Grenth. Une longue conversation extra-spatiale avec eu lieu. Et Nephtys en gardait un souvenir amer. Elle est reposée, sa peau blanche était redevenue parfaite, sans absolument aucune trace ni marque, ses yeux clairs brillaient ; elle était belle, comme à son habitude. Mais sa mauvaise humeur se faisait assez largement sentir. Tout le monde dormait, et elle, marchait, rôdait comme un fantôme dans ses vêtements décolorés et déchirés. En temps normal, elle serait allée réveiller Gehraz parce qu'elle s'ennuyait, parce qu'elle n'aimait pas être seule, parce qu'il était avec une autre. Nephtys aimait Gehraz. D'un amour étrange. Elle l'aimait comme un père, mais, il y avait un mais. Nephtys n'avait jamais eu de père. Nephtys n'avait jamais connu d'autres hommes. Mais ce qui était vraiment étrange, c'est que Nephtys ne pourrait jamais aimer quelqu'un autant que Grenth. Gehraz le savait, il était l'unique lien qui la reliait au monde réel des vivants.
Elle trouva dans une autre chambre d'autres personnes, et sans trop se gêner, y entra. Traînant doucement ses pieds nus sur le parquet froid, elle s'approcha doucement d'abord de celui endormis sur la chaise, et se penchant légèrement sur lui, le regarda. En se relevant, ses cheveux effleurèrent son visage. Elle ignora totalement le chien. Les animaux ne l'intéressaient pas. Elle vint s'asseoir sur le lit, et regarda maintenant celui allongé dormir d'un air las. Elle s'ennuyait. Et eux étaient ennuyants. Elle s'allongea à moitié, sa tête tout près de la jambe du jeune garçon aux cheveux noirs, et d'un regard vide, regarda le plafond. Le silence régnait dans la pièce et Nephtys se sentait seule. Parce qu'elle se vivante. Grenth n'était pas là pour le moment.

Ses sens affûtés réveillèrent Kikos. Quelqu'un venait d'entrer dans la chambre. Il l'observa un instant, même si la nouvelle venue l'ignora. Son instinct animal lui soufflait qu'elle n'était pas agressive. Ou du moins, pas encore. Puis il se leva et s'étira. Ne voulant pas réveiller Julien, même si celui-ci était censé veiller sur Gabriel, le labrador ne pipa mot. Il sortit silencieusement de la chambre et regarda dans celle de Gehraz. Il dormait encore, et Finna aussi. Ils en avaient autant besoin que Julien. Kikos retourna près de son maître, la jeune fille n'avait pas bougé. Il lui dit bonjour, même si elle l'avait ignoré. Certains chien pouvaient être plus polis et courtois que les Humains...

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Nephtys n'avait même pas vu faire ses allers-retours. Elle entendit un faible "bonjour", mais dans la chambre, tout le monde dormait, alors elle se dit simplement que ça venait de dehors. Elle resta sans bouger encore un moment, avant de mettre sa main derrière elle, jusqu'à avoir sous les doigts la jambe du garçon endormit. Elle ne sentait pas grand chose sous le dur cuir de son gant ; aussi l'enleva-t-elle et soupira. A part les griffes du chien qui faisait un petit "tic-tic", sur le sol quand il marchait, elle n'entendait rien. Même pas le vent au-dehors. Tout était calme. Très calme. Nephtys n'avait plus qu'à attendre que quelque se réveille. Elle savait que ça ne changerait pas beaucoup grand chose, elle s'en irait dans une chambre vide, ou se mettrait dans un coin de l'Auberge, toute seule, mais au moins, il n'y aurait pas ce silence.

Kikos restait sur ses gardes, comme tout bon chien protecteur. Il s'approcha de la jeune fille, la renifla, et voyant qu'elle était calme, il décida d'engager la conversation.

- Je me nomme Kikos. Je perçois dans votre odeur les mêmes parfums que dans celle de Gehraz. Vous l'accompagnez dans ses aventures, je présume ?

Julien remua un peu dans son sommeil, mais ne se réveilla pas. Tout était calme. Trop calme comparé à la veille. Mais c'était peut-être mieux ainsi.

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Nephtys, sentant quelque chose d'humide sur sa jambe froide, se releva et se recula brusquement. C'était le chien qui venait de la toucher avec son museau. Elle le regarda d'un air étrange, les mains un peu crispés, une tenant le drap. Elle se décala un peu. Puis il parla. Nephtys ne savait pas que les chiens parlaient. Ce fût une découverte pour elle. Mais elle ne dit rien, se contentant de l'écouter, toujours aussi peu détendue, comme si ce geste anodin l'avait fortement dérangé. Puis le fait qu'il l'ai senti aussi. Elle ne savait pas qu'elle avait une odeur. Elle continua alors de le regarder de ses yeux froids, et se contenta d'hocher la tête pour toute réponse. Et puis, sans trop savoir pourquoi, elle parla aussi, de sa belle voix gâchée par quelque intonation qui aurait pu passer pour de la gêne :

« Je m'appelle Nephtys. » Furent ses seules paroles.

Kikos nota immédiatement que Nephtys semblait moins ouverte que Gehraz. Loin de s'en offusquer, il ne chercha cependant pas à l'obliger à parler. Il formula un compliment, sans s'attendre à une réponse.

- Ce nom est à la fois beau et fort. Il vous va bien.

Puis il recula, comprenant le besoin d'espace que son interlocutrice avait besoin. Il inclina la tête, non en signe de soumission mais en signe amical.

- Pardonnez-moi de vous avoir reniflé, mais je fais davantage confiance à mon flair qu'à mes yeux...

Là aussi, il ne s'attendait pas à une réponse.

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Et il n'en eut pas. Du moins, elles mirent du temps à venir.
Nephtys ne réagit pas au compliment. Elle savaient qu'ils ne voulaient rien dire. Et même si elle comprenait bien la notion de la force, celle de la beauté lui échappait encore quelque peu. Grenth lui avait dit qu'elle était belle. Et que ça sera un atout pour elle. Mais il ne lui a pas appris à voir la beauté. Elle ne releva pas non plus sa deuxième phrase, elle se contenta de détailler un peu mieux le chien. C'était un chien, tout ce qu'il y avait de plus normal. Et Nephtys se rendit compte en se disant ça que c'était la première fois qu'elle rencontrait une bête "normale" et avec laquelle on pouvait en plus communiquer. Et surtout qu'elle ne devait pas tuer. En principe, les bêtes, on les tuait. Sinon, c'est elles qui vous tuaient. C'est la première chose qu'a apprit Nephtys. Elle dit, finalement, de son ton froid, mais presque avec une certaine fierté sûrement non-voulue :

« "Nephtys" veut dire mort. »

Kikos inclina de nouveau la tête, en signe de respect cette fois.

- Je sais. Julien, mon ami paresseux qui dort de manière inconfortable sur la chaise, a étudié la Magie et les langues anciennes. Il m'a apprit quelque mots, ainsi que leurs significations. Certes, je ne serais jamais aussi savant que lui... mais je sais des choses qu'il ignore, cela équilibre la balance...

Il se leva et colla son museau à la jambe de Julien. Il dormait encore, et Kikos ne voulait pas le déranger. De toute façon, son ami était capable de dormir même si une bataille se déroulait à côté de lui. Kikos sourit en repensant à ce passage mouvementé de leur périple... Puis se rappela qu'il parlait avec Nephtys. Et, sans savoir pourquoi, dévoila un secret que Julien ne dévoilait presque jamais.

- Julien a un nom de famille ancien. Irimathis, qui veut dire "maudit". Il n'en est pas fier, mais il ne peut rien y faire...

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Nephtys l'écoutait, et semblait se détendre un peu. Ses mains avaient lâchés le draps, et reposaient calmement près de ses jambes. Quand le chien parla de Julien, Nephtys y posa son regard. Gehraz aussi dormait comme ça. Puis, il lui dit le nom de famille de Julien. Et Nephtys le répéta, dans un murmure, les yeux légèrement baissés, comme si ça lui disait fortement quelque chose. Mais ça ne lui disait absolument rien. Elle ne connaissait pas les langues anciennes. Elle connaissait juste une chanson, que sa mère lui chantait quand elle était gamine, mais delaquelle elle ne comprit jamais vraiment le sens. Elle ne savait pas vraiment si c'était une langue ancienne, ni même quelle langue c'était, mais c'était assez bizarre et ça ressemblait à leurs deux noms. Alors elle en dit les paroles au chien.

En entendant les paroles de la chanson, Kikos hocha la tête.

- Julien pourra sans doute vous renseigner quand il se réveillera... si il se réveille...

Le jeune homme concerné n'avait pas bougé, ses lunettes reflétaient la lumière du jour qui entrait par la fenêtre. Le labrador soupira avec lassitude.

- Mais laissons-le dormir encore. Il vient de connaître un fort choc émotionnel. Nous sommes entrés dans l'Auberge hier, et nous avons vu Gehraz et Finna à la merci d'un grand homme aux longs cheveux blancs. Julien l'a assommé d'un coup. Puis, quand la créature s'est mise à rapetisser, Julien a reconnu son frère jumeau, Gabriel, qu'il n'avait pas vu depuis quelque années... C'est l'autre homme qui dort...

Il n'en dit pas plus, sans doute par pudeur ou parce qu'il ne disait jamais le fond de sa pensée. Mais le fait que Gabriel puisse devenir un monstre le terrifiait.

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La chanson, comme elle aurait pu le penser, aurait pu lui rappeler sa mère, son enfance, son passé. Mais il n'en fût rien.
A son tour, elle hocha la tête, puis se retourna vers le dénommé Gabriel, puis de nouveau vers Julien, et y remarqua une ressemblance dans leurs traits.
Et Grenth revint. Ses mains se crispèrent de nouveau, mais juste une rapide fois, comme dans un spasme. Il avait parlé. Mais Nephtys n'en écouta que le début. Ça ne l'intéressait pas. Elle n'avait pas envie de l'entendre, et encore moins de lui répondre. Elle fixait alors le chien, comme en attente d'une autre chose qu'il aurait à dire. De quoi que ce soit qu'il aurait à dire, en fait.

Mais Kikos n'ajouta rien de plus, car Julien s'était brusquement redressé en criant le nom de son frère. Tout à fait réveillé, il se précipita au chevet de Gabriel sans remarquer Nephtys et Kikos qui avait bondi. Mais Gabriel n'avait pas bougé, il dormait toujours, son pouce entre ses lèvres roses. Julien caressa tendrement son front et y déposa un baiser. N'importe qui pourrait trouver que ce geste ressemblait à celui d'un père affectueux envers son fils. Mais Julien était juste protecteur envers son frère. Il se rassit finalement, et sentit qu'on l'observait. Il tourna la tête vers Kikos, puis vers Nephtys, et bredouilla une excuse pour avoir crié.

- Veuillez m'excuser, je faisais un mauvais rêve...

Il rehaussa ses lunettes sur son nez, gêné, et n'ajouta rien de plus.

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Nephtys, lorsque Julien bondit de la sorte, se recula, et s'assit sur le bord du lit, ne sachant vraiment comment réagir. Elle regarda Julien, puis vaguement Gabriel, et reporta de nouveau ses yeux clairs sur le chien. On n'aurait su vraiment dire quoi, mais il y avait bien dans son regard ce quelque chose quand elle regardait Kikos. Elle le regardait comme on regarde ses parents dans une situation incompréhensible ou gênante, parce que, techniquement, ils devraient avoir réponse à tout.
Une personne normale se serait sûrement retirée dans une situation comme ça, laissant les deux frères seuls. Mais Nephtys ne comprenait pas ce genre de subtilités.

Kikos, bien qu'ayant bondi de surprise, n'était nullement gêné par la maladresse de Julien. Depuis le temps qu'il le connaissait...

- Hé bien, enfin de retour parmi nous ! C'est que tu ronflais plus fort qu'un Dragon, mon ami ! Et en plus, tu cries le nom de ton frère comme si il était en danger de mort ! Tu vois bien qu'il est parfaitement endormi ! Allez viens, allons manger quelque chose ! Vous venez aussi, Nephtys ?

La bonne humeur du labrador était contagieuse, Julien sourit devant la boutade amicale. Il se leva et regarda Nephtys avec envie, il voudrait tellement entendre ses aventures !

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