« Heavenfall. » [PV Faery & Pepper.]

Et Aldea ne se fit pas prier. Même s'il lui sembla que ce moment dura une éternité. Elle attrapa sa main et monta devant. On voyait à ses mouvements, et lorsqu'elle prit les rêves de la jument, et sa façon de la guider, que ce n'était pas la première fois qu'elle montait. Plusieurs fois, elle se tourna pour voir si Peter allait à peu près bien. Il devait être congelé. D'une main, l'autre tenant les rênes, elle mit comme elle put le derrière de sa longue cape sur lui. Pour la première fois, Aldea hésita une fois sur le chemin à prendre, et eut peur de se perdre. Mais le froid lui fit vite retrouver ses esprits, et finalement, ils arrivèrent à bon port, peut-être pas totalement sains et saufs. Elle sauta de Hope alors que cette dernière s'arrêtait tout juste. Elle manqua de tomber.

« Venez, nous sommes arrivés.. Murmura-t-elle doucement à Peter, en le soutenant comme elle put par la taille, et mettant un de ses bras autour de ses épaules. Je reviens te chercher après, ne t'en fais pas. Dit-elle ensuite à l'attention de Hope en amenant Peter dans sa petite cabane. Elle en ouvrit la porte avec quelques difficultés, et n'eut que quelques pas à faire pour faire asseoir Peter près de la cheminée éteinte. Enfin, asseoir, dans son état, sûrement qu'il s'affala plus qu'il ne s'assit.
A présent, elle devait faire vite. Elle balança pour commencer quelques bûches dans la cheminée, et alluma rapidement un feu qui mit cependant un peu de temps à prendre. Pendant ce temps-là, elle courut à sa chambrette et prit toutes les couvertures et les quelques capes qu'elle avait. Le feu commençait à grandir ; elle l'alimenta encore. Elle entreprit ensuite d'enlever les vêtements mouillés de Peter, et jeta par la même occasion sa cape toute aussi mouillée sur le sol, et emmitoufla l'homme gelé et mouillé dans tout ce qu'elle avait ramené. Elle repartit dans sa chambre, mettre également des vêtements secs. La maison commençait à se chauffer, et Aldea remit quelques bûches. Etant juste à côté de Peter, elle posa doucement sa main sur son front, puis sur sa joue, et ensuite dans son cou, pour voir s'il se réchauffait bien, et repartit aussitôt après ça dans la petite cuisine improvisée dans laquelle elle prit deux bols chaud et un petit chaudron qu'elle remplit d'eau et qu'elle mit au-dessus du feu. Elle ne put s'empêcher, avant de retourner dans la cuisine, de déposer un tendre baiser sur le front de Peter, comme pour bien se convaincre qu'il était là, qu'ils étaient rentrés, qu'il était vivant. Et surtout là.
Sur la table en bois, elle déposa plusieurs flocons, de plantes et de fleurs séchés. A peine en eut-elle sortit celles qu'elles voulaient, que l'eau avaient déjà bouillis. Elle l'enleva du feu à l'aide de plusieurs torchons, et la déposé au sol dans la cuisine. En remplissant ensuite les tasses, qu'elle posa sur la table, elle soupira doucement. De soulagement.
Une fois le thé fin prêt, elle amena une chaise, qu'elle posa à côté de Peter, et un tabouret, sur lequel elle mit les deux tasses fumantes. Mais pas le temps de se reposer. Il ne fallait pas oublier Hope ! Elle ressortit dans le froid, et vint vers la jument, un petit sourire aux lèvres. Heureusement que tu étais là.. Murmura-t-elle doucement en lui caressant le museau. Puis, la prenant par les rênes, l'entraîna derrière la maison. Le toit y était un peu plus large, ce qui pourrait assurer un abris à Hope. Elle rentra, et ressortir encore une fois avec une large couverture en laine. Elle dessella Hope, et pliant la couverture en deux, la lui mit sur le dos. Et voilà.. Tu devrais être mieux comme ça. » Elle ne prit pas la peine de l'attacher, se doutant bien qu'elle ne partirait pas sans son maître, vu comment elle y était attachée. C'était une intelligente bête. Elle lui donna quelques caresses, et rentra, resserrant la couverture un peu plus autour d'elle, s'asseoir près de Peter, l'esprit enfin tranquille.

Mais Aldea ne répondit rien, c'est à peine si elle le regarda. Peut-être n'avait-elle pas entendue. Peut-être avait-elle juste fait semblant de ne pas entendre. Peut-être, peut-être. Elle se contenta simplement de prendre une tasse, et de la tendre doucement à Peter.

« Ne vous endormez pas maintenant. Buvez ça. Dit-elle. Même si votre corps est chaud, votre âme est encore froide. » Avait-elle vraiment dit cette dernière fois ? Elle-même ne le savait pas. La fatigue se faisait voir sur ses traits. Elle adressa un léger sourire à Peter et se tourna vers la fenêtre couverte d'un vieux rideau. Elle ne pouvait pas s'endormir maintenant. Elle prit la tasse brûlante, et souffla dessus, avant d'en boire quelques gorgées. Sa nuit ne faisait que commencer.

Ses paroles arrêtèrent net Aldea dans ses gestes. La fatigue se dissipa presque d'un coup. Elle arqua légèrement les sourcils, et posant sa tasse, se tourna froidement vers Peter. Que lui valait-il donc un tel comportement ? Avec la neige et l'humidité, ses cheveux noirs avaient ondulés encore plus, faisant de larges boucles, et avec la chaleur, séchèrent ainsi. Ça lui donnait un air un peu différent. Elle le recueillait chez elle, le nourrissait, le chauffait, puis lui sauvait la vie, et c'est ainsi qu'elle était remerciée ? Pendant un instant, elle faillit laisser place à la frustration et à la colère. Mais elle se reprit bien vite et prenant sa tasse, elle y plongea le regard. Elle ne connaissait que trop bien cette réaction et y réagir aurait été encore plus stupide. En fait, ça la rendait juste triste. Mais elle ne lui dit rien de tout cela, et sourit simplement à sa tasse, avant de se lever, la tenant toujours. Elle se dirigea vers sa chambre, et sans se retourner, sans doute pour lui cacher ses yeux humides, elle lui dit, d'une voix qu'elle prit assurée :

« Vous pouvez partir quand vous le voulez. Votre jument est à l'arrière, et se porte bien. Mais dans cette noire nuit, je ne sais pas si moi-même je vous retrouverais. Je vous raccompagnerais à la ville demain matin à la première heure, n'ayez d'inquiétudes. » Et elle referma la porte derrière elle.

Sa petite chambre avait aussi chauffée, et Aldea découvra un peu la couverture sur ses épaules en s'asseyant sur le lit. Elle entendit la porte s'ouvrir et se refermer, et se leva déjà pour aller l'empêcher d'aller plus loin, mais se ravisa finalement. Il ne serait pas assez bête pour partir, pas maintenant. Elle n'avait pas prit la peine d'allumer de bougies dans sa chambre, pensant directement aller se coucher, mais quelque chose derrière son mur du fond attira son attention. Les murs n'étaient pas bien épais, et on entendait assez largement tous les bruits de derrière. Mais cette fois, en plus du vent, elle entendit une voix. Celle de Peter. De qui encore pouvait-elle provenir ? Parlait-il seul ? Sûrement. Aldea essaye de ne pas écouter, mais entendit tout de même des bribes assez claires. Il s'en voulait, ce n'était pas difficile à comprendre. Elle resta alors debout, dans le noir, et finit par poser doucement sa tête contre le mur. Elle entendait tout, maintenant. Mais ne dit absolument rien, se contentant de simplement poser sa main contre la paroi en bois, comme si à travers, c'est sur Peter qu'elle la posait.

Finalement, Aldea avait eu tort. Il était donc assez stupide pour partir. Elle l'entendit très clairement prononcer ces mots, elle entendit aussi Hope hennir, et le vent hurler, comme elle aurait voulu le faire. Mais tout cela lui semblait si lointain. Comme si ce n'était pas elle qui vivait cette scène. La fatigue devait y être pour beaucoup, s'est-elle dite plus tard dite. Aldea ne bougea pas. Elle retrouva ses esprits et se décolla alors du mur. C'est elle qui était idiote maintenant ! Qu'attendait-elle au juste pour aller le chercher ? Cette fois, il mourrait pour de bon s'il partait. Et elle aussi. Cette dernière pensée lui vint comme ça, comme d'ailleurs, comme si quelqu'un d'autre l'avait pensé à sa place. Mais elle savait qu'il avait raison. Sa mâchoire trembla légèrement et elle cria son nom, de la même façon désespéré qu'elle l'avait faite il n'y a pas si longtemps quand elle le cherchait. Sa chambre noire et vide lui parut soudain se refroidir. Sans même prendre sa couverture, elle courut au dehors le plus vite qu'elle put, vêtue simplement d'une robe qu'elle devait soulever pour ne pas tomber. Elle criait, encore et encore son nom, même quand elle fût tout près de lui. Oui, Aldea voulait en faire son humble prisonnier.

Ce n'est qu'une fois rentrée qu'Aldea comprit à quel point elle s'était emportée. Elle mit doucement sa main sur sa bouche et entama des excuses pas très audible que Peter lui dit qu'il.. allait rester ici, avec elle ? Comment était-elle censée réagir à ça ? Elle n'en savait rien, mais une douce joie s'empara d'elle, et elle sentit ses joues rougir un peu. Se rendant compte qu'elle était là, à stupidement le regarder comme une enfant gênée et contente devant le cadeau qu'elle voulait, elle baissa un peu les yeux et lui sourit, avant de vite retourner dans la cuisine, sous prétexte de ranger ses flocons de fleurs et de plantes séchés, lui tournant ainsi le dos.

« Merci. Lui dit-elle doucement en finissant de ranger. Merci pour l'aide qu'elle ne lui demanderait pas, merci d'être là. Elle partit prendre les tasses, et les posa sur un coin sur la table, puis se tourna de nouveau vers Peter. Mais n'osant finalement apparemment pas parler, elle plia proprement les couvertures sur la table que personne n'utilisait, et s'accroupit devant le feu, l'entretenant avec un bâton. Vous n'êtes pas fatigué ? » Lui demanda-t-elle enfin.

Elle posa finalement le bout de bois, et mit une mèche de ses sombres cheveux derrière son oreille, découvrant un peu mieux les douces formes du visage. Elle se tourna vers Peter, et il lui dit qu'il fera d'elle une Reine, qu'il lui ramènera de l'or, qu'il partira pour le Nouveau Monde.. Et tout cela sur un ton des plus sérieux. Ce qui la fit rire aux éclats. Elle rejeta légèrement la tête en arrière et rit, comme elle ne l'avait pas fais depuis longtemps. Ça lui faisait du bien. Pour la première fois depuis la Peste, elle se sentait bien.
Elle ne voulait pas vexer Peter, alors, pour lui montrer qu'elle ne se moquait pas de lui et que ses paroles lui ont fait plaisir, elle posa doucement sa main sur la sienne.

Aldea répondit à son regard, et se rendit compte à quel point Peter était charmant. Peut-être n'était-ce que les circonstances qui en voulaient ainsi, ou avec cette lumière, ou peu importe avec quoi, en fait.. Il fallait croire qu'elle ne l'avait jamais vraiment regardé comme ça.
Puis, prise d'une soudaine envie, elle se releva, laissant toujours sa main dans la sienne, et lui fit signe d'en faire autant.

« Dansons. » Lui dit-elle doucement en prenant son autre main. Aldea a toujours aimé dansé. Autrefois, quand elle entendait sa mère jouer du piano dans le salon, elle accourait, et dansait, tournait.. Son père souvent la rejoignait, et puis c'était Aldea qui se mettait au piano, et regardait ses parents danser si tendrement. Depuis lors, elle s'est toujours dit qu'elle aussi, elle aurait quelqu'un pour danser comme ça. Avec ou sans musique, qu'importe ; ils n'auraient qu'à se l'imaginer.

Tantôt elle le laisser menait, tantôt elle reprenait les devants. Ils allaient exactement au même rythme, comme s'ils entendaient la même musique. Il lui sembla même de la réellement entendre. Aldea, pendant les fêtes de villages, avait souvent l'habitude de danser. Mais cette fois, avec Peter, c'était différent. Peut-être l'ambiance, qui n'était pas la même.. Ou juste le partenaire. La danse dura juste le temps idéal. Juste assez pour ne pas s'en lasser. A la fin, elle resta un moment contre lui, ses mains dans les siennes, devant lever un peu la tête pour le regarder. Elle le regarda se reculer, et lui embrasser tendrement la main. Aldea le remercia pour cette danse, et fit à son tour une révérence.

« Pas besoin d'or ni d'argent de n'importe quel Autre Monde pour être une reine ; vous me faites déjà danser telle. »

Aldea le regarda, lui rendit son sourire, et rit de nouveau. Petite, elle voyait souvent ses amies jouer à des jeux de la sorte, mais elle, ne s'y prenait jamais vraiment. Maintenant, ça lui plaisait bien. Sans doute parce que dans celui-là, il y avait une part de réel. Peut lui importait l'endroit où ils étaient, elle l'a très bien dit : elle n'avait pas besoin d'or, ni de jolis bijoux, ni de quoi que ce soit d'autres. Tout cela lui suffisait largement. Elle le fit se relever, et lui dit avec un sourire :

« Alors je serais votre reine. »

Aldea entendit le ton de sa voix, et se rapprocha un peu de lui, son sourire toujours aux lèvres.

« Les postulances sont ouvertes. » Lui dit-elle en se retournant, et reculant un peu, comme pour voir s'il allait la suivre.