« La forêt de Trianga. » Faery. ©

Mais tout cela n'était qu'en fait une illusion. Tout comme la sensation laissée à Jacob. Mais la jeune femme n'y pensait déjà plus. Tout ce qui comptait à présent c'était les gamines. Elles étaient comme hypnotisés et la suivaient sans la lâcher du regard. Toutes trois marchèrent longtemps, bien après que la nuit fût tombée. Finalement, elles arrivèrent, à un endroit encore plus perdu de la forêt, jusqu'à une petite maison, couverte de lierre presque jusque sur les fenêtres. A l'intérieur, la maison comportait qu'un seul étage, mais était assez grande. Il y avait ce qui aurait pu être une cuisine, une salle ouverte et deux portes fermées. La jeune femme les entraîna vers la première chambre, presque aussi grande que la salle, et étrangement remplit, par rapport au reste ; il y avait trois lits, dont un à deux places, des couvertures, des coussins, même une table, avec deux chaises, et quelques vieilles poupées dessus. Un grand panier, dans un coin, une cheminée, des bougies fondues sur le rebord de la fenêtre, un petit bouquet de fleur accroché au mur au dessus de la cheminée. Cette pièce avait même quelque chose de chaleureux. Mais évidemment, dans la nuit, on ne distinguait que des vagues formes abstraites. Le premier lit se trouvait non loin de la cheminée, le deuxième était juste à côté, et le troisième, le plus grand, était contre le deuxième mur, près de la table.
La femme, conduisant les filles vers le lit, les assit dessus, puis les déshabilla, et leur donna des robes pour la nuit. Après les avoir couchés, elle s'assit à leur côté, et attendit qu'elles s'endorment, ce qui ne prit pas beaucoup de temps. Une fois assurée qu'elle dormaient bien, elle sortit, referma doucement la porte derrière elle, à clé, et sortit au dehors, ne revenant que le lendemain matin.

La jeune femme vint au matin réveiller les petites filles en même temps que le soleil se levait. Il était tôt, mais elles ne semblaient pas fatiguées. Juste toujours aussi hypnotisés par leur mystérieuse hôte.
Maintenant levées et habillées, il fallait aussi les nourrir. Le problème était qu'elle ne savait trop quoi leur donner..

« On va aller se promener. » Leur dit-elle en les prenant par la main et en les entraînant dehors.

Mais elle n'avait aucune fichue idée de ce qu'elle allait leur donner à manger. Un animal ? Si ce n'était pas un problème pour l’attraper, c'en était un pour le préparer. Elles n'allaient tout de même pas le manger cru ! Elle soupira, ne sachant que faire, alors qu'elles étaient sorties depuis à peine un quart d'heure.
Finalement, au bout d'une bonne demie-heure, elle repéra des buissons, avec de longues branches toutes couvertes de feuilles et qui traînaient au sol. Elle s'exclama d'un petit cris de joie, et y amena les jumelles. Il y avait de grandes baies colorées, et elles semblaient comestibles. Elle laissa alors les gamines aller les manger, pendant qu'elle-même s'était assise contre un arbre, à l'ombre.

Malheureusement, Shivali, elle, n'avait pas les connaissances de Jacob.. Ou peut-être l'avait-elle fait exprès ? Elle n'en montra pas de signes, en tout cas, et ignorant Jacob plus que ça, se leva, et se précipita vers les gamines, qui regardaient tantôt le jeune homme dénudé, tantôt Shivali sans rien dire. Heureusement, ni Tanha ni Hewyn n'avaient eu le temps d'en manger. Shivali les prit dans ses bras, et leur embrassa tendrement le cheveux, avant de se relever, et de se tourner vers Jacob. On ne l'aurait pas dit, mais Shivali était en fait assez petite, elle ne devait pas faire plus d'un mètre soixante. Elle leva la tête vers lui, et avec un sourire, lui dit :

« Heureusement que vous étiez là, Jacob. » Avant de prendre les petites par la main, et partir, comme si de rien n'était.

Shivali fût surprise, et sa surprise se lut très clairement sur son visage. Elle fût même prise au dépourvu. Mais se reprenant, elle rit, doucement, de la même façon qu'hier, en rejetant légèrement la tête en arrière, dévoilant son long cou blanc et fin.
Shivali ne pouvait pas refuser. Pour quelques obscures raisons, cela lui était impossible. Alors, plongeant ses yeux dans ceux de Jacob, elle lui sourit, mais non pas comme elle souriait tendrement aux petites ; d'un sourire plus séduisant, comme si elle lui disait "approches-toi encore un peu et je te mange". Elle pencha un peu la tête sur le côté, et lui dit :

« Eh bien, venez donc avec nous, Jacob ! »

Shivali le regarda, et rit.

« D'après ce que j'ai cru comprendre, c'est vous qui connaissez si bien la forêt.. » Doutait-elle de ses connaissances et compétences ? Au vu des dernières phrases de Jacob, ça en avait tout l'air.

Les deux jumelles regardèrent Shivali, et cette dernière hocha la tête en réponse ; elles prirent les feuilles, et le regard perdu, se mirent à les manger.
Elle remercia Jacob de sa gentillesse, élevant un peu la voix pour se faire entendre de lui, comme il partait. Et cela parut en attirer une autre, de voix..

« Toi ! Cria-t-on d'une voix assuré mais pas très grave, ce qui lui faisait perdre un peu de crédibilité. Mais Shivali fît comme si elle n'entendait rien, et chantonnant doucement, se promenait en rond, non loin des gamines. Tu m'as très bien entendu ! » Répéta-t-on.